mardi 6 novembre 2012

aldéhydes altiers


Certains parfums vous soutiennent, à ceux-là, on peut demander beaucoup.

Calèche n’est pas exactement ce genre de parfum, il est plutôt à l’opposé : il demande, il réclame,  il exige. Il élance ses aldéhydes, poudre et savon, vous les jette à la figure, vous emballe dedans. Dans sa catégorie, en dépit des reformulations, il est le seul à les oser à des doses pareilles. Calèche vous prend et vous embourgeoise, pire, il vous aristocratise, il vous fait voir la vie du côté altier, hautain, méprisant, de la barrière. Son cœur floral, étouffé sous les aldéhydes, semble plutôt les soutenir en leur apportant une touche de raffinement, mais pas nécessairement d’humanité… Arrivent enfin le fond, les bois, pas vraiment de la  douceur mais de la richesse, terriblement sobre tout en évitant d’être puritaine ou austère.  Jusqu’au bout, le parfum refuse toute facilité.

S’il ne vous ménage pas, mais vous prie instamment d’être à la hauteur, Calèche est un parfum qui fait du bien, qui tiendrait presque lieu de morale tant il empêche le laisser-aller. Quand pour donner le meilleur de soi-même, on a besoin qu’on nous demande beaucoup, il est temps de passer à Calèche.

Calèche, Guy Robert (pour la version originale), Hermès, 1961

14 commentaires:

  1. Ah... je le porte ce mardi... !!!

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  2. Calèche...
    Je me suis procurée un coffret vintage et c'est un pur ravissement. Très aristocratique en effet, beaucou plus que bourgeois. Altier, conscient du rang que procure sa naissance (très Hermess donc), sans ostentation ou frivolité. Étrangement, malgré sa suberbe un peu dédaigneuse, je le trouve facile à porter, d'une élégance racée qui ne demande pas d'en faire trop. Il devient très intime, on le porte vraiment pour soi. Une fois les présentations d'usage complétées, il ne faut pas le traiter en roturier, l'alliance entre Calèche et soi donne une assurance. Miss Dior vintage aussi a ce pouvoir, mais le registre est très différent.

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  3. Il faut que je retourne tester la version Soie de Parfum. Car j'ai acheté l'EDT, mais au final, je crois que je me suis précipité trop vite. Mais je la porte quand même avec grand plaisir, bien que rarement, car comme tu le dis : Calèche à son caractère, et il est bien trempé !

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  4. C'est un parfum noble c'est vrai. Je ne peux qu'être d'accord sur ce point. Je n'arrive toujours pas à le porter... Mais il y a bien d'autres parfums altiers comme vous dites, bien que celui-ci soit vraiment pas mal dans son genre ! Je l'ai vu porter par la bonne bourgeoisie locale il y a maintenant 20 ans de ça, genre carré Hermès emmêlé dans le sac à main ( ridicule à mon avis ), les jeunes filles BCGB portaient Calèche en effet mais hélas elles n'avaient rien d'aristocratique pour autant. La noblesse n'a que faire de ce genre de modes qui annoncent déjà plus ou moins le bling bling mine de rien, bref !

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  5. Joli texte, je ne l'ai jamais senti, rebutée par le folklore Hermès mais là je pense que je vais surmonter mes réticences...
    Merci

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  6. Merci à tous de vos commentaires!

    J'avoue que je le porte facilement aussi. Mais il parait que j'ai un abord hautain... qui passe quand on me connait. Peut-être que je ressemble à Calèche?

    Et oui, bien sûr, la mode te le public de certains parfums, l'image de la maison, peuvent leur faire du tort... C'est particulièrement vrai des grands classiques qui demandent à être redécouvert. Souvent, il suffit d'oublier leurs légendes pour les aimer!

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  7. Je rebondis un peu sur ce thème, suite à un autre concernant le désir de trouver Son Parfum. Quoique je rejette cette idée assez limitative, si je n'avais à n'en choisir qu'un seul, que je puisse porter le jour comme le soir, toutes saisons et toutes circonstances en étant assurée de ne pas faire une faute majeure de goût et qui ne me lasserait pas à long terme, ce serait celui-là. Mais comme je ne suis pas masochiste, dans toutes ces concentrations pour avoir un peu de jeux.
    Plusieurs autres arrivent tout près, mais Calèche reste une valeur sure indémodable.

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    1. Idée limitative et triste... se sentir bien et n'avoir envie de rien d'autre, oui, mais se mettre des barrières volontairement, c'est du masochisme, non?
      Si je n'en avais qu'un seul, ce ne serait pas Calèche mais si je me limitais à 5, il figurerais dans le lot. Enfin, un, ce ne serait pas Calèche: tant qu'il me reste des vintages!

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  8. Aristocratique, racé plutôt il y en a un autre : " Rive Gauche ". Un pour chaque rive dans des styles différents.
    L'un comme l'autre, ils sont rares aujourd'hui, enfin disons le, des parfums comme Rive Gauche ou Calèche ça n'existe plus. De quoi les apprécier encore davantage.
    Bonne soirée !

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    1. J'aimais beaucoup Rive Gauche, plus doux, plus charmant, mais il est devenu un peu plat... Du coup, je lui préfère Calandre de Paco Rabanne, hélas discontinué, je pense. (On liquide les stocks!)

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  9. Il n'a pas été reformulé lui aussi (Calandre)?

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    1. Certainement, mais j'ai une version ancienne. De toute façon, on peut parler de lui au passé. (Un de plus!)

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