samedi 28 avril 2012

immaculée


Née en 1960, Madame Rochas semble un condensé des années '50. Conventionnelle, elle emprunte sa beauté à des formes classiques, celle du N°5 et d'Arpège, qu'elle débarrasse de tout ce qui pourrait être inconvenant. Le grand aldéhydé floral n'a plus rien d'animalisé ; il n'est plus que fleurs, savonneux, poudreux, à l'image de la bourgeoise de cette époque dont le New Look emprunte au passé ses formes opulentes et sa morale bienpensante. Corsetée, bien éduquée, jolie petite femme-objet, Madame Rochas est finalement plus démodée que ses ainées dont elle n'a pas l'entrain, la fougue. Gabrielle Chanel et Jeanne Lanvin avaient créé leurs maisons et leurs parfums, Hélène Rochas n'était que la veuve de Marcel Rochas : son parfum est avant tout élégant et respectable, idéal pour assister à l'office du dimanche en compagnie de sa belle-mère.

Hélène Rochas
Porter Madame Rochas me donne l'impression de porter des gants blancs, un collier de perles, plus qu'aucun autre. Soyeux, toujours aimable, il a une aura grande dame difficilement portable au premier degré. Ce parfum a besoin d'être bousculé, détourné, encanaillé, sans quoi il tourne à la caricature. Pas forcément indispensable, je trouve néanmoins salutaire de posséder un parfum qui rendent incapable de prononcer le moindre gros mot.

Madame Rochas, Guy Robert pour Rochas, 1960.

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