mardi 24 mai 2011

les nuits de la princesse Jasmin

En visite chez vos amis les ***, vous ne pouvez manquer de la remarquer : elle trône, petite déesse asiatique, sur le plus beau, le plus soyeux des coussins de la maison, offrant à contempler sont pelage beige orné de ses gantelets et de son petit masque de velours brun, impériale petite chatte venue du Siam, aristocrate mince et jeune,  princesse précieuse et choyée tant pour sa beauté que pour ses dédains. On vous la présentera mais vous aurez beau appeler son nom "Jasmin ! Jasmin !" vous n’aurez pas l’aumône d’un regard. Que du contraire son altesse Jasmin va ostensiblement tourner sa tête et couler son regard bleuté par-dessus son épaule pour fixer le point de la pièce qui est le plus opposé à votre direction, méprisante petite créature dont la maîtresse dira que c’est probablement du à votre vêture car "jamais on n’a vu Jasmin sur du jeans, la pauvre est si délicate, elle n’aime que la soie. Elle est si délicate…"


Musidora

Pourtant, il faut la voir à la nuit tombée cette petite créature raffinée, distinguée, il faut la voir échapper à ses maître pour parcourir les routes et les sentiers, courir parmi les verdures, son petit masque déformé par la plus intense convoitise. Voyez Son Altesse en chasse, à la recherche du mâle, prête à tout, avec tous pour assouvir son désir. Jasmin court sous la lumière de la lune en feulant, en modulant son appel, petite enragée prête à parcourir des kilomètres, souple et mince, brûlante de fièvre, voyez sa prunelle démesurément agrandie, assombrie, pleine de la passion effrénée des bacchantes. Quand enfin apparaît le mêle, peut importe qu’il soit jeune et beau, vieux et gros, elle s’en fiche, un frisson parcours son corps comme une décharge électrique, d’ailleurs, ne vous avisez pas de l’approcher à ce moment, il pourrait vous en cuire, dissimulée dans ses gants de velours, ses griffes n’en son pas moins acérées, prêtes à jaillir et à lacérer quiconque s’interposerait entre Jasmin et son désir. Jasmin, se glisse, subitement devenue ombre claire, derrière les buissons et écoutez-là se donner sans vergogne, se rouler dans la boue, petite traînée toute entière livrée aux plaisirs de la débauche, fauve déchaîné, hurlant son plaisir à la nuit…

N’ayez crainte, au petit matin, elle rentrera sagement à la maison, reprendra ses mines de divinité mystérieuse et lointaine, jouera les gracieuses inaccessibles, les princesses au petit pois, vous toisant, vous méprisant de toute sa hauteur de Princesse Jasmin…

à la nuit, Christopher Sheldrake pour Serge Lutens, 2000

2 commentaires:

  1. Bonsoir,
    Merci Dau pour cette belle balade féline.
    Grâce à toi, j'ai eu droit à ma petite histoire du soir.
    A la Nuit, quel fameux Jasmin, c'était mon préféré sur ta peau... Sacré animal ! ^^
    De là à le porter moi, je ne sais pas si j'ai envie de grimper sur les toits, j'ai le vertige ;-)
    Bonne nuit, qu'elle soit féline jusqu'au bout des griffes !
    Quant à moi, j'en suis certaine mes rêves seront... très beaux !
    Merci ^^

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  2. J'aime beaucoup le coté "animal" du jasmin. Le pire, le plus "fécal" même, c'est dans l'eau de parfum Arpège (version années '80) que je l'avait trouvé. Parfois à la limite du portable, mais j'adore!!! Alors que les muscs et autres civettes me parlent nettement moins. Je dois être un hypocrite qui se retranchent derrière les fleurs... Traité proprement, jeune et joli, comme chez Goutal, j'aime aussi, mais nettement moins quand même. Mais bon, on ne peut pas être une bête tout les jours non plus...

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