vendredi 4 mars 2011

Bienvenue dans le futur

Il y a des jours ou je n'ai pas envie d'humain et ou je me tourne vers les odeurs de Comme des Garçons qui ont été voulues inorganiques et présentent un coté extrêmement apaisant et facile. Au départ, l'idée était de faire avec Odeur 53 (1998) un anti-parfum: une odeur qui correspondrait à une atmosphère que l'on pourrait créer autour de soi, une atmosphère que l'on emmènerait partout avec soi.

Odeur 53 évoque la ville, un décor industriel déserté, post-apocalyptique: des senteurs de vernis, d'ozone, de métal chauffé, de flaques d'eau, le tout chauffé à blanc par un soleil haut alors que l'horizon devient sombre: l'air est électrique, l'orage approche. La senteur est curieusement tiède, ni véritablement fraîche, ni véritablement chaude, un peu sale, tout en étant terriblement transparente. Étrange. Mais ou sont les gens? ou est la vie? définitivement disparue? 

La réponse est peut-être à chercher dans Odeur 71 (2000) qui continue le même principe et nous compte un autre monde, toujours déshumanisé, qui me fait un peu penser au film Gattaca: un monde froid, scientifique, rationnel qui ne laisse aucune place au sentiment dans une espèce de logique totalitaire ou naît une certaine esthétique. Le parfum démarre sur une note métallique, froide, proche de celle que l'on retrouvera dans Sécrétion Magnifique d'Etat Libre d'Orange, mais beaucoup plus facile à apprivoiser par son contexte plus"naturel": un décor futuriste de circuits intégrés, d'écrans surchauffés, de traces de désinfectant et de poussière. Il finit par évoquer la photocopieuse qui a beaucoup chauffé. C'est un univers d'humanoïdes solitaires, de robots et de machines. Odeur 71 peut sembler, sur papier, assez peu plaisant et cheap avec son coté plastique revendiqué. A l'essai, je le trouve pourtant réconfortant et plaisant. Assez facile: léger, neutre, c'est peut-être le parfum idéal pour le bureau. (Mais il sent déjà un peu le bureau...) Le curieux diptyque de la modernité qu'il réalise avec Odeur 53 est parfait lorsqu'on ne veut rien donner de soi, même pas la trace d'un parfum.

Ethan Hawk dans Gattaca


2 commentaires:

  1. J'ai hâte de sentir ça... Mais, brrr, ça fait froid dans le dos...

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  2. Non, vraiment, il ne faut pas. Il sont à la limite apaisants. Rien d'angoissant ou d’oppressant.

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