mercredi 17 novembre 2010

Retour en arrière

Découvrir Ombre Rose et se rendre compte qu’il date de 1981 est comparable à retrouver une photo d’une grand-mère chérie et réaliser qu’en réalité, non, il s’agit juste d’un portrait, version sépia, d’une petite cousine en tenue rétro. C’est amusant, plaisant mais dans le fond très anecdotique.

Sarah Moon pour Cacharel
Dans un décor Louis XVI Impératrice, on découvre quelques fleurs, jolies roses anciennes, décolorées, qui se languissent dans un vase. A coté, un poudrier fracassé qui a répandu son contenu dans tout l’appartement, recouvrant tout d’une trace blanche et duveteuse. Un soupçon d’aldéhydes très discret soutient le tout pour lui donner une intensité qu’il aurait pu ne pas avoir si cette concession à la modernité n’avait été consentie.

Je pense à un N°5 simplifié et pris à l’envers : le petit fond propre à peine poudré est devenu la star du parfum, le cœur de fleur est franchement diminué et les aldéhydes imperceptibles. On dirait l’ancêtre honteux de sa chimie de synthèse, finalement plus artificiel de vouloir cacher ses petit secret.

Je l’aime bien, petit plaisir, enveloppant et douillet, pris en passant, mais le trouve aussi démodé maintenant que lors de sa sortie avec ses brumes opaques et trop denses de poudre de riz vanillée. Depuis, Trésor de Lancôme et Flower by Kenzo on fait mieux, tout aussi caressants et poudrés mais moins vieillis. Je m’étonne d’ailleurs toujours de le trouver encore en rayon, devenu un peu malgré lui un parfum de niche hors d’âge. Cosmétique, on pourra l’utiliser pour assortir à sa crème de nuit. Passéiste, il comblera les fans de vintage plus ou moins authentique, mais semble tellement en décalage avec son époque, encore plus avec la notre, qu’on hésite à croire que certaines peuvent le porter au quotidien. Attention, Ombre Rose vous rajoute 10 ans en deux pschitts.



Ombre Rose, Françoise Caron pour Jean Charles Brosseau, 1981

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